Histoire du 1 rue Castex

BandeauHistorique

Ancien et nouveau tracé de la rue Castex — Portrait de Charles X — Percement du Bd Henri IV (montage d’après les éléments figurant dans les liens de cette page)

Autour de 1830 : construction du bâtiment sur rue

L’année de construction du bâtiment donnant sur la rue (actuellement bâtiment D) ne nous est pas connue avec précision, mais il a vraisemblablement été construit sous la Restauration, sous la période 1824-1830 correspondant au règne du roi Charles X.

Premier élément : l’immeuble n’existait pas avant 1805, date de percement de la rue Castex à travers le couvent du Temple des filles de la visitation Sainte-Marie (dont subsiste le Temple du Marais, à l’angle de la rue Castex et la rue Saint-Antoine).

Ensuite, le style de la façade évoque le style des années 1824-1830 : pas de pierre de taille, chambranle autour des baies posées sur le bandeau mouluré marquant chaque étage, persiennes se rabattant en façade (Voir « III – Le patrimoine architectural, page 81 » dans le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur du Marais)

D’autre part, selon Mme Idoux, architecte spécialiste des bâtiments anciens, on peut tirer des informations utiles des photographies de la rue Castex prises en 1876 par Charles Marville. Il y a certes la photo de face de notre immeuble. Mais surtout, sur la photo dans l’axe de la rue Castex, plus détaillée, on observe sur la partie gauche que la façade sur rue et le mur pignon montrent des altérations. La rouille présente sur la conduite verticale d’écoulement des gouttières, ainsi que la corrosion des pierres du pignon évoquent une construction environ 50 ans antérieure (la pollution atmosphérique était moins agressive à l’époque). Les photographies de Marville datant de 1876, la construction pourrait donc être de la fin des années 1820.

Enfin, selon M. Stéphane Kaba, copropriétaire depuis 2002 environ, le linteau situé au dessus du porche sur rue aurait autrefois pu porter une inscription « 1835 » mais ceci n’est corroboré pour le moment par aucune photographie ni autre élément.

La construction du bâtiment sur rue (bâtiment D) pourrait donc dater d’environ 1830.


La France en 1830

L’espérance de vie n’est que de 38 ans, avec moins de 40 % de la population alphabétisée. Les circulations se font à cheval et surtout en diligences qui vivent leur âge d’or (la première ligne de train pour voyageurs n’ouvrira qu’en 1831). Les communications se font uniquement par courrier, hormis quelques messages officiels utilisant le télégraphe optique. En médecine, était lancée la première campagne de vaccination (aux fondements empiriques et incompris), pour lutter contre le fléau de la variole qui tuait 30% des malades, mais peu de français sont encore vaccinés en 1830. La photographie n’est qu’un concept de laboratoire, inconnu du grand public. Champollion vient de découvrir le secret des hiéroglyphes. Von Bellingshausen vient de découvrir l’antarctique.


Bâtiments A et C

L’année de construction des deux petits immeubles de la cour (bâtiments A et C) nous est également actuellement inconnue mais ils ont vraisemblablement été construits après 1830.

Premier élément : l’existence dans les caves du bâtiment D d’une bouche d’aération murée (dans la cave n°3, lot n°99). Cette bouche d’aération aboutit actuellement sous le bâtiment C. Il est donc probable que le bâtiment C a été construit après le bâtiment D, dont il a bouché l’une des aérations de caves.

Deuxième élément : la photo de Marville de 1876 indique la présence d’une boulangerie. Or un fournil était il y a quelques décennies situé dans le petit bâtiment situé entre le bâtiment D et le corps principal du bâtiment A, au niveau des deux jours de souffrance ornés de barreaux (la large trappe carrée en métal située près du sol servait d’ailleurs à l’entrée de la farine). Il est probable qu’en 1876 ce fournil existait déjà, utilisé par la boulangerie.

La construction des bâtiments A et C pourrait donc avoir eu lieu entre 1830 et 1876. Ces bâtiments auraient pu également servir d’ateliers et d’écuries.

Quelques matériaux de construction inhabituels

Au rez-de-chaussée du bâtiment A, la dimension de certains blocs de pierre, anormalement grands pour une construction à usage d’habitation, laisse à penser qu’ils proviennent du réemploi d’une vaste construction antérieure.

– ce pourrait être un bâtiment du couvent du Temple des filles de la visitation Sainte-Marie, dont la plus grande partie a été démontée lors du percement de la rue Castex en 1805.

– ce pourrait être également la forteresse de la Bastille, démolie de 1789 à 1806, dont une partie des pierres ont servi à construire le Pont de la Concorde et dont certaines fondations – déterrées lors du percement de la ligne 1 du métro en 1899 – ont été réassemblées square Henri Galli, au carrefour du boulevard Henri IV et du quai des Célestins.

 

1876 : amputation de la rue Castex

De 1876 à 1879, le percement du boulevard Henri IV (qui s’appelait « Boulevard Saint-Germain » dans les premiers projets Haussmanniens) a profondément modifié les constructions et voies environnantes. La rue Castex qui reliait la rue Saint-Antoine à la rue de la Cerisaie, a été amputée d’une cinquantaine de mètres sur son extrémité sud. Notre immeuble, épargné par les destructions, est ainsi devenu la nouvelle extrémité sud et numéroté n°1. Il est probable qu’il était auparavant le n°3 ou n°5.

Le plan Parcellaire Vasserot 1810-36 sur lequel est superposé le tracé du Boulevard Henri IV met en évidence les destructions (notre immeuble figure en vert en haut du plan).

 

1896 : extension de l’immeuble

Deux importantes extensions ont eu lieu, très probablement en 1896 :
– Ajout d’un 6ème étage au bâtiment D, sur rue. On voit sur la photo de Marville de 1876 dans l’axe du Bd Henri IV que le bâtiment ne possède encore que 5 étages. Le 6ème étage figure sur le cadastre de 1900.
– Construction du bâtiment B, au fond de la cour sur l’emplacement des hangars de l’entreprise de travaux publics Pourcheiroux, où étaient stockés des matériaux de construction, et faisait également dépôt de pavés.

Des documents attestent que M. Pourcheiroux, propriétaire à l’époque, a effectué ces travaux d’extension du 1 rue Castex, probablement en 1896, puis vendu le tout à la famille Siren en 1904 (M. Pascal indique que les combles du bâtiment C ont servi d’espace de stockage d’archive de l’entreprise d’assurance Siren jusqu’à une période récente).

 

1920-1940 : menaces sur l’immeuble

Le Conseil municipal de Paris a défini vers 1920 une série de 17 îlots « tuberculeux » ou insalubres destinés à être rasés et reconstruits, dans le contexte du Plan Voisin. Celui du quartier Saint-Gervais (îlot n°16) devait faire l’objet de destructions massives, ne conservant que les principaux édifices historiques (église Saint-Gervais, hôtel de Sens). Le pourtour de l’hôtel de Sens a ainsi été totalement reconstruit. L’espace correspondant au terrain de sport de la rue des Jardins Saint-Paul, entre la rue de l’Ave Maria et la rue Charlemagne, montre la radicalité des destructions.
Selon M. Pascal, bien que la délimitation de cet îlot n°16, côté est, s’arrêtait à la rue Saint-Paul, notre immeuble faisait partie d’une extension des destructions (comme probablement d’autres immeubles de la portion entre la rue Saint-Paul et le Bd Henri IV).
La seconde guerre mondiale a toutefois gelé cette extension, appuyé par la découverte des antibiotiques et son traitement efficace de la tuberculose. Les destructions prévues initialement feront finalement place, de 1948 à 1965, à des réhabilitations moins agressives, dont l’exemple le plus aboutit est celle du Village Saint-Paul, en 1970.

 

1956 : création de la copropriété

Mme Parrot, héritière de l’immeuble du 1 rue Castex, décide de le vendre par lots en 1956 (cf Règlement de copropriété 1956), menant à la copropriété actuelle.

 

1996 : inscription au Plan de Secteur sauvegardé du Marais

Notre immeuble figure dans le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur du Marais, initié en 1964 et finalisé en 1994.

 

Période récente

Les entreprises et commerces au rez-de-chaussée

A gauche de la porte de l’immeuble ont pris place successivement :
– une Boulangerie,
– l’antenne provisoire du bureau de poste (pendant sa réhabilitation dans les années 1990). Les locaux avaient été étendus dans l’actuel magasin Bexley du Boulevard Henri IV,
– un restaurant (durant quelques mois),
– un autre commerce (durant quelques mois également),
– puis le cabinet de podologie actuel.

A droite de la porte de l’immeuble ont pris place successivement :
– une boutique de tapis d’orient,
– une boutique de skate boards,
– une boutique de prêt à porter féminin,
– puis les bureaux actuels de MTD Finance (depuis 2000).

Dans la cour, au fond ont pris place successivement :
– une entreprise de plomberie (?),
– une entreprise de finances et d’immobilier MTD Finance (à noter qu’une antenne de la médecine du travail avait été pressentie avant l’arrivée de MTD Finance).
– l’entreprise de formation médicale Médisup.

Dans la cour, immédiatement à gauche ont pris place successivement :
– un réparateur de Juke-box et/ou flippers.
– puis le cabinet d’architecte de Mme Idoux (depuis 2000).

 

Remerciements à M. Pascal, qui a fourni une large partie des informations à partir de 1896.